L’économie bleue durable est une économie circulaire et peu polluante, efficace en termes d’utilisation des ressources, basée sur des modes de consommation et de production durables..
En investissant durablement dans l’économie bleue, un secteur à fort potentiel qui représente près de 15% du PIB national, dont 80% tirés par le tourisme côtier, l’Etat tunisien fait alors d’une pierre deux coups : exploiter ses richesses et son fort potentiel maritime et balnéaire, mais aussi répondre favorablement aux ODD. D’ailleurs, à quoi s’en tient un atelier de formation récemment organisé par le Programme des Nations unies pour l’environnement, le Programme Switchmade et l’Association tunisienne «Racines et développement durable», en mettant sur le tapis le thème de l’économie bleue et la réduction du gaspillage alimentaire. Le tout en liaison avec les impacts du changement climatique. L’économie bleue durable est une économie circulaire et peu polluante, efficace en termes d’utilisation des ressources, basée sur des modes de consommation et de production durables, favorisant le bien-être humain et l’égalité sociale, génératrice de valeur économique et d’emplois, réductrice de manière significative des risques environnementaux et des pénuries écologiques.
Source d’emploi et de richesses
En résumé, l’économie bleue, selon M. Mounir Majdoub, consultant en politique de l’environnement et du développement durable, c’est «la capacité d’un pays, en l’occurrence la Tunisie, de mettre à profit toutes ses compétences à la fois institutionnelles, mais également les différents acteurs, les compétences scientifiques et techniques avec la participation de la société civile pour pérenniser l’espace marin et maritime tunisien, source de richesses pour le pays, avec près de 15% du PIB et 300.000 emplois». Ce qui est important, à ses dires, parce que c’est un domaine qui peut avoir un avenir en termes de création de richesses et de croissance économique, mais à condition de limiter l’impact négatif sur l’environnement et la surexploitation des ressources marines et halieutiques. Il faut fournir un gros effort pour la conservation de notre écosystème et la dépollution des sites contaminés, le but étant de créer de nouvelles opportunités d’emploi, de création de richesse au profit des populations vivant de la mer. Cela devrait nourrir les débats qui vont se dérouler durant les prochains mois sur l’année climatique avec l’association RDD. Toutefois, une incertitude plane sur le secteur, c’est la mobilisation réelle des investisseurs, afin de doper l’économie bleue financièrement quand bien même les retours sur investissements et les bienfaits portés en matière de durabilité sur l’activité ne se produiraient pas avant 40 ans. Et là, M. Majdoub précise: «L’investissement dans le capital naturel et l’environnement, considéré comme un bien public, entre en rapport avec la collectivité nationale, donc l’Etat. La retombée n’est pas dans l’investissement lui-même, mais dans les activités générées en termes de facilitation comme dans le transport des marchandises. Dans la mer et dans la protection de la nature de manière générale, on ne s’est pas investi dans la conservation, la protection, la reproduction, la régénération des écosystèmes marins qui coûtent cher, mais qui ont des impacts sur les sources de revenus liées à la pêche, l’aquaculture, le tourisme balnéaire, de loisirs, les sports aquatiques…». Ce qui signifie que le plus important n’est pas le retour sur investissement à court terme sur le plan financier en lui-même, mais la rentabilité sociale et sur le long terme avec un rôle prépondérant de l’Etat qui doit disposer de ces ressources pour financer l’économie bleue.
L’économie bleue, quels défis ?
Parmi les composantes de l’économie bleue, il y a les activités anciennes et traditionnelles comme la pêche et l’industrie navale, les activités émergentes bleues, les activités liées à la protection de l’environnement et des services fournis par les écosystèmes marins. Pour les activités liées à la protection de l’environnement marin, il y a les services fournis par les écosystèmes marins, pour lesquels il n’existe pas encore de marché, mais qui peuvent contribuer de façon significative à l’économie et à l’amélioration des conditions de vie. La protection et la plantation des herbiers de posidonie (pouvant contribuer à la séquestration de carbone). La préservation de la biodiversité. La protection des aires marines sensibles. La protection et l’adaptation du littoral contre l’érosion côtière et l’élévation du niveau de la mer. La dépollution des sites marins et côtiers contaminés. Tous ces objectifs, une fois atteints, vont permettre d’assurer la durabilité de l’économie bleue.
Des questions stratégiques ont guidé le dialogue sur l’économie bleue, dans un contexte économique tunisien : comment faire pour que les activités économiques exercées sur le littoral et la mer soient durables et inclusives ? Quelles activités innovantes ? Quelle politique peut-on adopter dans ce domaine?
Pour rappel, ce débat s’inscrit dans le cadre de la préparation de deux séminaires nationaux : le premier aura pour thème «l’économie verte et bleue», prévu le 17 de ce mois, alors que le second événement aura lieu huit jours après, soit le 25 avril, sur «la réduction du gaspillage alimentaire».